MEXIQUE : la grande traversée

[Luko]

La forêt et les pierres ont un côté graphique assez marqué. Faut pas hésiter et passer au noir et blanc direct

Pour la 52, je me retrouve en terrain plus connu : on a l'impression d'avoir été téléporté à Ta Phrom...

qu'un noir et blanc "salgadesque"

Ha oui, mais n'oublie pas d'y rajouter le grain bulleux de la TMZ3200, c'est ça le charme originel de Salgado celui de "la main de l'homme".

Après une heure de recueillement monochrome dans ces catacombes aquatiques
...
Plonger à Mérida, c'est la condamnation sans appel à une peine de tôle, ondulée. Et si la veille les accès aux cénotes étaient scabreux, à Calcuch ça relève de l'expédition commando.

Bon déjà que... mais là tu m'as définitivement perdu.

Merci Marc, le but étant de donner envie d'aller y tremper ses palmes!

Heu... pour ne pas décourager les velléités de CR, on va dire "objectif partiellement atteint"... y a que les psychopathes type Marcopolo pour saliver sur ce type d'activités crypto-masochistes.

On apprendra aussi que ces chers méso-amérindiens avaient développé une passion obsessionnelle pour les calendriers, et ce bien avant l'invention des éboueurs, des pompiers et autres préposés des postes.

Je m'étonnais aussi que depuis 2012, plus aucun aztèque, maya ou autre emplumé ne venait toquer à ma porte en décembre. D'un autre côté ils venaient pourrir mon entrée avec leurs rites sacrificiels sur les voisins qui n'achetaient pas leur calendrier incomprehensible.

Les habitants se mettent une pression de dingues avec leurs façades pour continuer de figurer au Patrimoine Mondial,

Jolies les façades : avec une lumière de fin de journée et des silhouettes passantes ça doit être un plaisir à photographier. Il y a un côté Oaxaca, que je ne connais pas mais dont j'ai vu de superbes photos de la part d'amis photographes. (c'est probablement la seule raison qui me ferait aller au Mexique avec les congérgations de requins baleines et les scènes de chasse des espadons de janvier à mars)

Tant qu'il ne construisent pas une bretelle 4 voies au milieu ou évitent de tapisser les batiments avec des 4 par 3 Coca-Cola (N'incite pas Thierry à venir dans le coin) , je pense qu'ils n'ont pas trop de souci à se faire sur leur classement. Les sites qui ont été retirés de la liste du Patrimoine Mondial ont quand même sacrément flirté avec les limites, genre promotion immobilière à tout va ou forages pétroliers en plein milieu du site.

[Gembou]

Très belle photos des pyramides, certaines rues me font fort penser à Trinidad (Cuba). Marco et moi attendons Cabo Pulmo avec impatience.

[marcopolo]

Jean attend surtout Naty (s'est elle rajoutée un clou dans la narine gauche ?)
... Et Luko, ok pour les marlins mais pas les RB

[FENUA]

Bonjour , merci de ces conseils précieux sur le zèle de la douane mexicaine... trés belles photos noir et blanc.

[2a2b]

EPISODE 9:

Nous embarquons de Mérida pour un vol Aeromexico vers San José del Cabo via Mexico. Je prends ma valise Pélican contenant les 2 flashs, une douzaine de piles Eneloop et 4 batteries lithium en bagage à main, comme d'hab. La sécurité m'arrête, comme d'hab. Elle me demande kesako, comme d'hab. Je réponds poliment, comme d'hab... et là, la fliquette me dit que "no es posible señor, hay demasiadas baterias, no es posible señor" . Je commence à expliquer que les batteries sont interdites en soute depuis que les soutes existent, que toutes les compagnies aériennes acceptent les piles en cabine, et que je ne compte pas perdre la face avec mes piles
"No señor hay que dejar las baterias en la bodega" Je vois vite que la négociation va tourner court, ni une ni deux, on repasse le film à l'envers: demi-tour dans la zone de sécurité, file à contresens, bousculade, sorry m'dam, lo siento señor, remontée de couloir, descente d'escalator, retour au dépôt des bagages, réenregistrement de la valise Pélican en soute... et retour en zone de sécurité fissa. Heureusement l'heure est calme, la file d'attente maigrichonne, et j'arrive à embarquer de justesse. Rappel de la règle numéro 1 du photosub: jamais détendu au check-in tu ne seras.
Débarquement en Baja, récupération des bagages, et nous voilà passant la douane avec nos treize sacs et nos 8 bras: les aztèques n'avaient pas inventé la roue, leurs descendants n'ont toujours pas inventé le chariot. J’ai glissé dans ma poche l’attestation de dédouanement du matos chèrement négociée à Cancún, et je salive à l’idée de la coller à la première demande sous la moustache du préposé au reniflage de caisson. Mais les gapians me priveront de ce menu plaisir car nous leur passons sous le nez dans l’indifférence générale, malgré le sticker Inon collé ostensiblement sur ma valise Pélican. Cette histoire de taxe est une loterie.
Nous sortons de l’aérogare sous un cagnard de plomb, nous prenons possession d’un van Toyota chez un loueur super efficace (Cactus Rent-a-Car, bon plan). 1h20 de route et 20’ de piste rocailleuse plus tard nous atteignons le village. Cabo Pulmo en août, c’est un four à chaux. L’air humide, chauffé à blanc par le désert voisin, reste confiné dans ce vallon coincé entre deux rangées de collines escarpées survolées par une famille de vautours. L’air est lourd, dense, étouffant. La lumière torride qui tabasse la caillasse a du mal à renvoyer autre chose qu’un dégradé de gris imprécis et trouble. La végétation squelettique trahit les longues semaines de saison sèche. Les premiers orages de l’année n’ont pas encore sévi. Rien ne bouge dans la fournaise. Seul le vol des colibris contraste avec la torpeur Sergioleonesque environnante. Pendant dix jours, on ne sera bien que sous l’eau, et encore, El Niño nous incitera à tomber le néoprène pour plonger en Arena, en poussant le thermostat à 30 degrés sur toute la colonne d'eau.

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Nous avons programmé le séjour avec Cabo Pulmo Watersports, un centre spacieux aux fresques immanquables à l'entrée du village.

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Accueil sympa et efficace d'Andrea, la cheftaine d'une équipe attentionnée. Et sous 40 degrés à l'ombre, l'efficacité compte double. On embarque pour la plage, pour un premier enchaînement El Cantil / El Vencedor au nord de la réserve. Les premiers bancs nous accueillent dès la mise à l'eau. La visibilité est moyenne. Les carangues nous boudent, mais les lutjans, les gorettes, les mérous et les chirurgiens pullulent sur El Cantil. Très belle plongée dérivante qui suit la courbe d'un vieux récif par une vingtaine de mètres.
Premiers réglages en mer avec le R5. Peu de photos convaincantes.

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Après l'intervalle de surface, nous poursuivons vers le nord sur quelques centaines de mètres vers El Vencedor, une vieille épave disloquée qui sert de point de rencontre à une bande de requins bouledogues sédentaires. Andrea me demande de couper les flashs sauf si les bouledogues décident de nous bouder durablement. Nous basculons. Point de squale à l'horizon mais les bancs de vivaneaux et de gorettes qui maraudent autour des débris de l'épave sont un spectacle permanent. La visi est meilleure, toute la plongée se déroule à 15 mètres si bien que je continue de respecter scrupuleusement les instructions pour ne shooter qu’à la lumière ambiante, au cas où le seigneur des lieux daignerait venir nous saluer. L'absence de flash facilite mon acceptation au sein de la communauté à écailles. On verra ce que ça donnera. Un énorme goliath vient se faire tirer le portrait indolemment... joli face à face. Alors que nous sommes sur le point de filer vers le palier de sécu, le suzerain accompagné de son escadron de fusiliers se décide à pointer le bout de ses ampoules de Lorenzini. Il restera à distance, les photos manqueront de couleurs, si bien que je déciderai de les retraiter en noir et blanc. Une belle première journée pour s'ouvrir l'appétit.

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[marcopolo]

Superbe la 108,
Jeannot attend fébrilement la suite... Vous étiez logé où ? Vous mangiez où ?

[2a2b]

Vous étiez logé où

Probablement dans ce qui se fait de mieux à Cabo: une villa avec dépendance et joli jardinet un peu en retrait à l'entrée du village, détenue et aménagée par un couple d'artistes aux goûts assez sûrs. La déco du lieu est absolument splendide, et le tout est très bien équipé. Comme partout à Cabo Pulmo, l'approvisionnement énergétique est un peu fragile. Le circuit principal est solaire, et quand les batteries tombent en rade un groupe électrogène est censé prendre le relai. Sauf que la bascule a foiré à deux reprises en pleine nuit, lorsque les clim des 3 chambres tournaient à fond... et là c'est le réveil à 3h du mat' dans une chambre qui passe de 25 à 35 degrés en 20 minutes, une certaine idée du sauna à la mexicaine... Mais les proprios et leur intendante locale sont à l'écoute et très réactifs, et les petits déboires inévitables dans ces endroits sauvages et reculés ont été bien gérés. Mention très bien donc. Quelques illustrations.

Vous mangiez où?

On a essayé tout ce qui était ouvert en cette période de l'année. Et même en variant les cantines, 10 jours à Cabo Pulmo, c'est un peu long gastronomiquement parlant!
A midi, après les plongées, c'était souvent le Tacos & Beer et son truculent patron. Les tacos et les quesadillas sont très corrects.
Le soir La Palapa ou El Caballero selon les jours d'ouverture (car en saison creuse, ils ont tendance à se partager la semaine) pour des ceviches ou des aguachiles bien relevés, ou une petite pêche du jour à la plancha.

A éviter: Pelicano's, franchement dégueu et Coral Reef à cause de la gégène qui pétarade sous la terrasse et qui trouve le moyen de te martyriser à la fois les tympans et les narines.

[2a2b]

EPISODE 10:

Jour 2. Le temps est magnifique. Par un brin d'air. Pas une ride sur l'océan. Nous embarquons pour le nord de la réserve et deux plongées dérivantes qui nous amèneront de Los Morros à El Bajo. La visibilité est maximale. Les bancs sont au rendez-vous. Ça foisonne de vie. Les troupes de mérous côtoient les bancs de lutjans. Les gorettes ne sont pas en reste. Une énorme loche se mêle à la danse. Les couples d'anges de Cortez convolent gracieusement. Les perroquets à bosse locaux, moins imposants que leurs cousins asiatiques, baladent leur livrée pastel. A cette saison les bancs de carangues ont tendance à se fragmenter. On finira par suivre une tortue verte et son ombre portée sur le sable blanc par un soleil au zénith. Ce n'est pas encore le mur d'écailles dont on a tant entendu parler. Mais ça viendra, ce n'est que partie remise. Une splendide journée. Le triptyque El Bajo / Los Morros / El Vencedor nous offrira ce qu'il y a de mieux tout au long du séjour.

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[marcopolo]

Vous étiez logé où

Probablement dans ce qui se fait de mieux à Cabo

Sans doute, sans doute nous c'était infiniment plus rustique mais du coup je pourrais peut être convaincre ma moitié d'y aller...

[Luko]

les aztèques n'avaient pas inventé la roue, leurs descendants n'ont toujours pas inventé le chariot.

Je ne savais pas non plus que les Aztèques avaient construit les terminaux de Roissy où il est impossible de trouver un chariot sitot passé la sécurité.

Andrea me demande de couper les flashs sauf si les bouledogues décident de nous bouder durablement.

Ah je me disais aussi que les photos avaient un chromatisme et un contraste étranges, c'est pas désagréable mais un peu orangé.
103 est chouette mais j'ai l'impression qu'il y a quand même un peu de flash? La compo de la 105 est superbe, mais ça manque un peu de contraste à mon avis, le bleu tire trop dans le rouge, les jaunes sont orangés. Un peu de vert sur tout ce petit monde redonnerait du naturel.
Malheureusement je suis moins convaincu par le NB "forcé", 108 aurait donné un bonne photo avec de la lumière, là ça grisougne un peu trop.

Note : les restrictions photographes ou plongée me les brisent un peu. Pas de flash, pas de macro stick, pas de crème solaire, pas de [compléter avec un autre article à la con] venant de la part d'opérateurs qui font leur beurre en gonflant des bouteilles avec des compresseurs pétaradant, prennent des bateaux pour balader des touristes sachant que ni l'un ni l'autre ne font de bien à l'envoronnement... dans ce cas ma politique personnelle, c'est "pas de mon pognon", c'est mieux pour la planète... .

Je préfère quand tu rallumes la lumière :
- 113 très bien
- 114 effectivement surprenant de voir ce perroquet à faciès de carnaval
- 117 j'ai un pb avec la balance des couleurs, jaune un peu trop saturé (profil paysage?)
- 112 - 121 superbe balance assez neutre, ligne claire

les batteries sont interdites en soute depuis que les soutes existent

Pas tout à fait, c'est du compagnie par compagnie : seules les Li/Li-Ion sont interdites systématiquement.
Les Nimh traditionnelles sont acceptées par la plupart des compagnies européennes, les compagnies asiatiques font du zèle sur ce point et les interdisent en soute (sur la foi de quelle base, je ne sais pas : peut être pour ne pas avoir à controler la chimie de chaque item)

[2a2b]

Ah je me disais aussi que les photos avaient un chromatisme et un contraste étranges, c'est pas désagréable mais un peu orangé.

Les photos sans flash sont celles prises autour de l'épave du Vencedor, i.e. 104 à 109. Sur la 103 tu as raison, le flash a fonctionné.
Il est très difficile de réaliser une balance des blancs équilibrée sur les photos en lumière naturelle à 15m. Les rouges ont déjà pris cher à cette profondeur. Je suis d'accord avec toi, elles tirent toutes sur le orange. J'ai essayé de réduire, mais on tombe ensuite très vite sur un verdâtre un peu dégueu. Après de très nombreuses tentatives, c'est le compromis qui m'a semblé le plus acceptable. Mais pas simple.

[2a2b]

EPISODE 11:

Jour 3. Nous changeons de guide, lequel nous propose d'aller jeter un oeil du côté d'EL Bajo histoire d'y surprendre un banc de carangues du matin, puis de faire un saut sur le Vencedor au retour. La mer est d'huile, et je me dis donc que malgré l'interdiction des flashs sur l'épave, les conditions de lumière naturelle vont être top. Bingo. Ce sera la plus belle journée : au moins 30m de visibilité et une lumière de studio. Sur El Bajo, les bancs s'amusent autour des récifs couverts des petites gorgones oranges et pourpres caractéristiques de la région. Sélection:

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La matinée a commencé sur des bases très élevées. Nous remontons sur le bateau la banane aux lèvres pour un intervalle de surface qu'il nous tarde d'abréger. Si le Vencedor bénéficie des mêmes conditions, ça s'annonce canon. Et ça le sera... mise à l'eau, pas de bull à l'horizon, "j'oublie" d'éteindre les flashes... faut pas pousser! On sillonne entre les morceaux de ferraille colonisés par les lutjans. Nous délogeons un beau snapper qui coulait du bon temps derrière son rocher. Magnifique.
Mais comme la veille, nous ne remonterons pas sans que le prince daigne sortir du bleu. J'éteins les phares pour préserver ses petits yeux. La rencontre est très intime...

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[Gembou]

Là il y a du lourd. 130 133 136 dommage qu'il y est un Grunt devant le requin.

[Luko]

Pas mal le petit manège de carangues en 124.
130 y a du monde au balcon !
Joli aussi, la 136.

Quelle est la raison donnée de l'interdiction de flasher, au fait? Le bouledogue devient inquisiteur et montre les dents? Il a bobo aux yeux ? Les bobos font valoir des exigences de bobos?

[marcopolo]

136 fastoche, "PS tu me vires le grunt, merci" ceci dit y'a que Jeannot que ça gêne
En tout cas les brachycephales bcp mieux que nous

[2a2b]

Quelle est la raison donnée de l'interdiction de flasher, au fait? Le bouledogue devient inquisiteur et montre les dents? Il a bobo aux yeux ? Les bobos font valoir des exigences de bobos?

Probablement la peur de voir ces requins sédentaires changer de crèmerie pour échapper aux nuisances lumineuses, dans la mesure où leur présence quasi quotidienne tout au long de l'année autour de cette épave reste totalement inexpliquée. Crainte justifiée ou pas? Franchement peu importe, je n’y ai pas vu un gros sacrifice . Nous en avons admirés jusqu'à 7 sur une même plongée, les guides plus de 15 parfois. On peut les croiser par hasard sur les autres sites lorsqu'ils se baladent, mais l'épave est un véritable point de ralliement toute l'année (ndlr: nous ne les avons vus que sur l'épave, jamais ailleurs). Précisons que les centres ne se livrent à aucun feeding dans la réserve.

[2a2b]

EPISODE 12:

C'est l'épisode des amoureux des bancs: avis au public et aux passants honnêtes qui daigneront accorder un regard oblique aux p’tites gueules bien sympathiques de la poiscaille argentée!
En ce 4ème jour, nous votons unanimement pour El Bajo. Coup de bol, les colonies de carangues ont décidé de la jouer collectif, et les groupes se sont rapprochés. Ce ne sont pas encore les murailles de Chine que l'on peut observer à certaines époques, mais il y a largement de quoi remplir le champ du fisheye. Après cette indigestion de grand angle, je monterai pour la première fois le 100mm macro pour aller tirer quelques portraits plus colorés sur El Pedregal. Je trouve que l'autofocus rame plus sur le 100m avec le R5 que sur les objectifs grand angle, peut être même plus qu’avec mon 70D. A mon avis sur ce type de focale le RF fait une grande différence.

Maintenant que les jours ont passé, que se sont apaisés nos beaux rêves flambants,
Que le ciel d'automne s'est couvert de gros nuages lourds,
Nous nous apercevons émus qu’c'est au hasard à la vue d'un d'ces fameux bancs,
Que nous avons vécu le meilleur morceau de notre séjour.

Les bancs:

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Les portraits:

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EPISODE 13:

Ce 13ème volet est sans surprise celui de la scoumoune. La nuit a été le théâtre d'un violent orage sur la région, et les tonnes de flotte qui ont dévalé les versants desséchés ont charrié leur lot de gadoue dans la réserve. C'est le jour où nous plongeons avec Naty, une divemaster espagnole dont la notoriété locale s'est semble-t-il étendue jusqu'aux frontières de ce forum . Elle est venue faire une pige à la journée chez Watersports. Elle mettra beaucoup de bonne volonté à essayer de nous trouver un coin plongeable en ce lendemain de tourmente. Nous prenons la direction du sud, contournons le cap qui délimite la réserve, et essayons de nous abriter des courants dans une baie au large de ce qui devait être jadis un complexe hôtelier. Peine perdue, à l'invitation de plonger dans une telle purée de pois, personne n'est chiche . Nous retournerons dans la réserve pour nous immerger à l'abri d'un petit îlot (El Islote en langage local) avec des conditions de courant et de visibilité très changeantes. Quelques jolis bancs, notamment des carangues à plumes, mais rien de terrible à se mettre sous la dent du côté photo. Nous finirons sur El Bajo, les bancs sont au rendez-vous, mais les particules ne permettront pas d'en retirer grand-chose de convaincant non plus.
Face à l'adversité, faute d'écailles, je décide de m'intéresser aux plumes. Retour au village pour une petite escalade du sommet qui domine le village à 400m d'altitude. La dernière partie est un peu exposée, surtout avec 10kg de matos photo sur le dos par plus de 40 degrés, mais permet d'arriver au pied d'une antenne telecom qui sert de nichoir à une famille de vautours à tête rouge. Je me retrouve vite surplombant le manège planant des rapaces, avec la belle impression d'être assis seul aux manettes d'un zinc... pilote sans copilote au milieu des zopilotes. Une belle occasion de faire parler le 600mm. Après quelques minutes, les vautours m'oublieront et viendront se poser autour de moi, à quelques encablures, dans le silence étouffant de moiteur des vêpres californiennes. Sublime.
De retour à la casa, après avoir effrayé en route un grand géocoucou planqué dans les buissons, et ravivé ainsi quelques truculents souvenirs des Looney Tunes de mon enfance, je finirai la séance ornithologique sur la terrasse, en m'exerçant sur les zélés et non moins ailés visiteurs du soir du jardinet. On commencera par les piafs perchés, histoire de s'échauffer et de faire monter le R5 en température avant de relever le défi du colibri en vol.
Pour ceux qui ne s'y sont jamais essayés, shooter des colibris en vol est l'exercice d'humilité ultime du photographe animalier Le système nerveux de la bestiole est tel qu'il détecte nos mouvements avant même que nous ayons conscience de les avoir produits. Absolument fascinant. Mais totalement frustrant. Pour faire simple, quand votre nerf radial d'un mètre de long vous informe que votre phalange commence à presser sur le déclencheur, et après que votre cerveau de mammifère empoté a réussi à interpréter le signal, il y a belle lurette que colibri dont le coeur bat à plus 1000 pulsations/minute a déjà tout vu, tout compris, et qu'il a pris ses 6 respirations par seconde pour déserter le cadre. Le photographe et le colibri ne jouent pas dans la même division physiologique. Il faut donc anticiper, réviser ses équations de relativité générale, et deviner, en dimension 4, le volume d'espace-temps dans lequel l'oiseau-mouche va user du vol stationnaire. On doit ensuite s'essayer à la mise au point dans le vide , et attendre que l'excité se mette lui même dans le cadre, à la bonne distance, avant de déclencher la rafale aléatoire. Fastoche. Avec un caillou de 600mm de 3kg dans les paluches, c'est la crampe de l'avant-bras assurée au bout de 5 minutes. L'objectif ouvre à 6.3. Pour figer le vol, il faut pousser la vitesse au 1/2000ème. Pour figer les ailes au 1/4000ème. Je ne vous fais pas un dessin, même avec une belle lumière, en dessous de 1600 ISO, point de salut. Il faut même souvent flirter avec les 3200 ou 5000 dès qu'un petit nuage se présente. Dans ces conditions, la qualité du matériel fait une sacrée différence. La vitesse de mise au point du R5 est phénoménale. Il ne bronche pas à 20 images/s. Taux de photos cadrées proche des 10%. Taux de photos correctement éclairées : 20% des 10%. Taux de photos non floues : 10% des 20% des 10%. Faites le calcul: 2 photos sur 1000. Je n'ose pas imaginer ce qu'il en aurait été avec le 70D. Et quand tu chopes l'irisation électrique du plumage, c'est bingo Humilité je vous dis. Une chose est sûre, les nudibranches, c'est du sujet pour flemmards !

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[Gembou]

Dommage pour la plongée ratée, on a eu la même chose avec Marc. Bravo pour les oiseaux.

[marcopolo]

C'est marrant, je ne me souviens pas des colibris... Jeannot - c'est qd même le Corleone du Forum, t'as pas intérêt à lui refuser un truc - n'ose pas, mais il aimerait bien une photo du staff...
Les photos d'urubus à tête rouge et de colibris sont superbes
Les bancs, la 137 en noir et blanc pour moi ; ce que je préfère dans les bancs de Cabo ce sont les vues d'ensemble, celles où on voit presque tout le banc, ça donne une image de profusion presque vertigineuse, et là je suis un tout petit peu sur ma faim mais c'est largement compensé par le reste...