Les coraux eux sont très souvent en compétition avec des macro-algues pour l'espace disponible. Les dernières pour leur propre photosynthèse, les premiers pour celle de leurs micro-algues symbiotiques, les zooxanthelles. Les algues peuvent tuer les coraux avec des molécules toxiques, certains coraux se débarrassent eux des algues en émettant des substances qui attirent des poissons algivores. Parmi ceux ci plusieurs s'assurent une alimentation régulière en entretenant de véritables jardins d'algues. Le grégoire noir (Stegastes nigricans) est le plus étudié. Ses cultures d'algues monospécifiques se développent à la base de coraux branchus comme Acropora ou Pocillopora. Chaque grégoire cultive son jardin qu'il défend contre les intrus. Il broute les algues qu'il affectionne et désherbe son jardin en rejetant à l'extérieur de son territoire les espèces indésirables. Plusieurs grégoires d'un voisinage constituent un groupe social qui défend un territoire collectif. Ils expulsent les autres mangeurs d'algues ou les poissons corallivores. Ces territoires sanctuaires sont de véritables nurseries pour les jeunes coraux. Le degré d'agressivité individuel ou collectif des grégoires noirs est très variable (de 1 à 4). Lorsqu'un récif subit des perturbations, soit qu'il est agressé par des acanthasters, un ouragan, une pullulation de prédateurs ou qu'il subit un épisode de blanchiment suite au réchauffement, son rétablissement est très variable et les chercheurs ont montré que les grégoires noirs jouent un rôle primordial dans cette évolution.
Si le groupe de grégoires noirs était très agressif ceux ci restent fidèles à leur territoire collectif et ils continuent à le protéger contre les poissons corallivores, et le récif pourra repartir plus vite. A l'inverse si les grégoires n'ont pas trop la niaque les poissons corallivores dévorent les jeunes polypes et l'espace libre sera rapidement colonisé par des macro-algues.
L'élévation moyenne des températures entraine une augmentation du métabolisme des poissons et de leur agressivité et pourrait peut être aider les coraux à lutter contre le réchauffement même si les grégoires noirs ne sauraient à eux seuls sauver les récifs.
« Poissons jardiniers et défense collective » B. Corbara. Espèces, N°35, 2020
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